La Fabrique

[A] bien des égards et dans bien des domaines, il est de bon droit de se demander :
« Comment en est-on arrivé là ? Que s’est-il passé ? Comment peut-on travailler de plus en plus et vivre dans un pays de plus en plus endetté ?
Pourquoi supporte-t-on le poids de dirigeants pour lesquels nous n’avons même pas voté, le poids de lois qui semblent de moins en moins conçues pour nous représenter, nous épauler dans l’équité ?
Comment peut-on, après tant de siècles d’intelligence collective, de Lumières et de vivre ensemble, être témoins d’une telle inégalité de répartition des richesses, d’un tel manque de cohésion dans les populations, évidemment toujours défavorable au plus grand nombre ? »

Plus récent et pire encore :
« Pourquoi lorsque j’exprime certaines opinions ou soulève certains sujets, ma parole est-elle décriée, confisquée, rabrouée, discréditée ? »
Ces interrogations, si variées soient-elles, peuvent sembler naïves. Mais tout ce questionnement est loin d’être anodin et ne sort pas « du sabot d’un cheval ».

Sur quelle mauvaise pente avons-nous glissé ?
Sommes-nous les seuls générateurs de ce qui semble être de notre propre décadence ?
Il est une piste d’analyse de ce déclin qui apporte une légère éclaircie à ce tableau actuel, bien trop sombre, de ce qu’est l’Humain en tant que peuple faisant société.

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En effet, au sortir de la 2ème guerre mondiale, et dans le sillage que commençaient à creuser les 30 glorieuses où prospérité devait rimer avec progrès, ceux qui se sont arrogé le droit de penser et diriger la planète comme une entreprise au lieu de laisser chaque dirigeant gouverner son pays comme il l’entend, ont mis en place un arsenal de techniques de manipulation des masses, techniques qualifiées d’ingénierie sociale.

Appuyés par les travaux des services secrets américains, relayant ceux d’un certain monde de la psychologie/psychiatrie du moment, et aidés d’universitaires versés eux-aussi dans le «progrès» (expérience de Milgram, expérience de Asch en 1951, et la non-moins fameuse expérience de Stanford plus équivoque encore vu le dernier retournement de situation), ils ont mis en place sous la bannière de ce formidable concept, ce que l’on peut désormais nommer la fabrique du consentement.
Lui sont sous-jacentes mais non moins importantes : la fabrique de la dette/misère (1), la fabrique de la peur et la fabrique des imposteurs (2), toutes depuis observées, théorisées et enseignées aux endroits ad-hoc, au même titre que « l’Art de la Guerre» de Sun Tzu ou « Le Prince» de Machiavel (lui-même auteur de sa propre version de « l’Art de la Guerre »)

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On a modélisé l’artificialité des échanges et la superficialité des savoirs, façonnant subtilement l’approbation générale des populations.
Pour pouvoir développer ces techniques d’ingénierie sociale à grande échelle, il faudra avant tout à nos dirigeants maîtriser la stratégie du choc, très bien expliquée par Naomi KLEIN (À lire et/ou voir en tout 1er lieu si ce n’est déjà le cas, ici aussi ).

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~ Avant d’aller plus loin, et puisque bien-sûr chaque papier, chaque édito en dépit de l’effort d’objectivité constant de son auteur, révèle toujours une infime part de subjectivité (le prisme de la compréhension personnelle), ce contenu ne se veut en aucun cas un enseignement définitif, laminaire et complet sur les sujets abordés, mais bien plus un avis d’observateur relayant les multiples sources desquelles il s’est forgé un avis qu’il pense pertinent, et continue d’en éprouver la solidité à l’aune d’investigations quotidiennes. En d’autres termes, cette page est à voir comme un endroit où venir prendre des références (articles, conférences, livres, discours ou discussions…), sur des concepts et des sujets à approfondir de son côté. On y trouve de quoi ouvrir des pistes de « réflexions » pour se forger sa propre opinion, bien plus que des conclusions définitives et magistrales sur de si vastes sujets ~

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Le thème du mois étant la parole, c’est à elle que nous allons brièvement nous intéresser, en soulevant simplement quelques points intéressants, relatifs à ce que nous considérons être la fabrique du consentement, et les artifices de langage qui participent de cette construction.

À bien des égards et dans bien des situations (entretien d’embauche, annonce politique ou de quelconque nature, documentation sur tel ou tel sujet…), on se retrouve cernés par des propos de plus en plus vidés de leur sens, voire parfois, dont le sens est complètement changé, corrompu, inversé. Amoureux du langage, nous voyons bien qu’une dissonance certaine compromet la cohérence de ce que disent et font les artificiers de nos corps constitutifs, exécutifs, sociaux et médiatiques. Clairement, le tri sélectif s’impose !
Les armes utilisées : rhétorique, éristique ou toute autre dialectique, discrédit de l’interlocuteur par inversion accusatoire, argument d’autorité, stratagèmes, etc.
L’interlocuteur qui nous manipule ne recule devant rien pour instaurer son idée, imposer son opinion. Notre discours est d’une complexe et formidable richesse, et les subtilités qu’il recèle ne permettent que trop à nos “ nouveaux stratèges ” les pirouettes linguistiques les plus facétieuses, pendant que sont détricotés nos droits fondamentaux et gommés les acquis de longues luttes.

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On retrouve le manque de cohérence entre parole et action à tous les niveaux.
Deux illustrations qui se veulent aussi brèves que possible :

Une, très locale.

« – Tu vas voir ici c’est une belle exploitation, un beau terroir, on est sur de la biodynamie, on
fait avec la Lune… on vend du label « Haute Valeur Environnementale ». Le boulot est très dur
mais tu vas être bien ici. Allez, on avance au hangar !
-Super, je vous suis.
-Donc là-bas, c’est les engins ; et là le coin pour toi avec les gants, les outils, les sécateurs et tout ce qu’il faut pour la taille. Quand t’auras le coup-de-main on te montrera pour le sécateur électrique, et puis on..
-Attendez, vous traitez encore beaucoup ? Je vois très bien c’que c’est ces bidons, là… Y’en a pour plus d’un an ! C’est ça votre St-Emilion à « Haute Valeur Environnementale » ??
-Oui mais, en fait, on est en transition là, et pour pas déshabituer les sols d’un coup, on continue à les traiter un peu, c’est ça la « Haute Valeur Environnementale ». C’est déjà une très belle plue-value pour nous ! La biodynamie viendra, plus tard… »

Extrait recueilli après un entretien d’embauche dans le bassin Monbazillac – St Emilion.

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Une autre plus nationale.

« Le 22 mai 2020, Mr Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, annonçait sur [une radio privée détenue par un marchand de contenus à vocations culturelles et informatives, ndla] que le gouvernement prévoyait de réduire la prise en charge du chômage partiel « de façon à inciter au retour de l’activité puisque c’est ça qui nous permettra au bout du compte de créer des emplois et de créer de la prospérité ».

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« Créer des emplois » ?
Gonflé, le Bruno ! Le chômage n’a pas cessé d’augmenter suite aux délocalisations et aux privatisations d’entreprises décidées par les gouvernements LREM et son inamovible ministre de l’Économie, Bruno Le Maire lui-même.

« Créer de la prospérité » ?
Bien avant la Covid-19, c’étaient surtout la désindustrialisation, le chômage, et la pauvreté qui continuaient de se créer en prospérant gravement. « Depuis 10 ans, le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en France augmente », constatait, fin 2018, l’observatoire des inégalités dans son rapport sur la pauvreté en France (voir www.inegalites.fr). Ce sont près de « 9 millions de personnes pauvres qu’il faut compter en France [et] ce chiffre a augmenté de 820 000 au cours de ces 10 dernières années » ! Bruno, lui, appelle cela « créer de la prospérité » sans toutefois, il est vrai, préciser pour qui… Mais patience nous allons y revenir.
Extrait du livre “ Le virus et le président ”, Jean-Loup IZAMBERT / Claude JANVIER, IS Éditions, 2020, p.134-135

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On comprend aisément que certains s’accordent à dire qu’Orwell et sa “novlangue” ne sont pas très loin, larvés dans les habillages sémantiques de la plupart des discours et décisions politiques qui inondent nos ondes. (Comme si bien démontré par notre cher ministre de l’économie et des finances dans l’exemple ci-dessus. Il est malheureusement loin d’être le seul.)

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Dans le contexte politico-sanitaire actuel, il résulte de ces injonctions, souvent contradictoires, et toujours coercitives et liberticides « pour notre bien », une confusion générale : la (tentative de) compréhension de cette situation, très disparate au sein de la population, génère en premier lieu une atomisation du tissu social à tous les étages. On ne sait plus à quelle parole se fier, qui croire. Des oppositions se créent au sein même des ménages, des fratries.
Puis, aux anciennes lignes de clivage succèdent de toutes nouvelles : ce ne sont plus les classes sociales, les tranches d’âge ou même les idéologies qui s’affrontent, c’est dorénavant la règle du pour ou contre, ceci ou cela. Tous se battant avec pour seule arme le langage.
On voit souvent, dans ce nouveau rapport à la parole, s’opposer ceux qui cherchent la vérité (ou pour le moins la suite logique et véridique des faits), à ceux qui cherchent à convaincre, donc imposer.

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À quoi est dû cet écart entre volonté d’avoir raison et recherche de la vérité ?
« À la nature mauvaise du genre humain » nous répondrait Schopenhauer.
« Si ce n’était pas le cas, si nous étions fondamentalement honnêtes, alors tout débat partirait simplement du principe qu’il faut chercher la vérité, sans se préoccuper de savoir si elle se conforme à l’opinion que nous avions initialement formulée, ou à celle de l’autre : la question n’aurait aucune espèce d’importance. Mais en l’occurrence, c’est primordial.
Notre vanité innée, particulièrement susceptible en matière de facultés intellectuelles, n’accepte pas que notre raisonnement se révèle faux, et celui de l’adversaire recevable.»

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On pourra(it) longuement disserter et discuter sur le 2ème point de cette vision très orientée des choses, mais nous nous contenterons de statuer en faveur de nos observations (et Schopenhauer ne manquera pas de nous accorder un peu de crédit vers la fin de son «Art d’avoir toujours raison» d’où sont tirées ces quelques lignes) en ces termes :


dans un environnement créatif et bienveillant, cercle de parole ou de réflection, groupe d’action, je vais toujours livrer le meilleur de ma connaissance aux autres, de manière honnête, vertueuse et transparente, et accepter sans heurt de me faire corriger afin de m’enrichir de l’intelligence collective


dans un contexte où je cherche à jouer des coudes pour être le meilleur, imposer mes opinions, écraser les autres, je vais bien me garder de toute transparence, parfois prêcher le faux pour savoir le vrai, ne laisser aucune place au débat voire confisquer la parole, et utiliser tous les artifices de langage et autres stratagèmes rhétoriques pour arriver à mes fins.


Les techniques d’ingénierie sociale ne dérogent pas à cette simple dichotomie. Et lorsque la machine se heurte à des humains trop bienveillants et coopératifs, elle se doit de mettre son gros grain de sable dans les rouages de cette belle mécanique, afin d’être sûre qu’elle ne s’emballe pas et ne se retourne contre elle. C’est vieux comme le monde, diviser pour mieux régner. On constate même dans les pires cas, malheureusement pas les moins fréquents, que certains de nos interlocuteurs pensent et s’organisent à faire exactement le contraire de ce qu’ils nous disent.

L’émancipation de la Femme des griffes du patriarcat passerait par leur droit à fumer ! Promu et assuré par Mr BERNAYS (en dépit de ce qui semblerait s’avérer n’être en fait qu’une très faible participation de sa part. Plus de précisions ici). On comprend qu’après une si « fumeuse » escroquerie, il se soit rapidement retrouvé à graviter autour des arcanes du pouvoir de l’époque, et ait inspiré pléthore de « publicistes» après lui, tant l’influence de quelques artifices de discours et de mise en scène lui ont permis de façonner l’opinion si aisément, s’assurant de fait à lui-même également, une très bonne publicité.

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Il va sans dire que tous les gouvernements qui ont suivi, ayant pris bonne note d’une certaine malléabilité de l’opinion publique, se sont assurés de la pérennité de ce genre de conseils au sein de leurs équipes de communication et de communicants.

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Aujourd’hui, le paradigme de la croissance infinie dans un monde fini devenant tellement difficile à étayer, et tendant à nous faire avaler des couleuvres de plus en plus grosses, sur l’autel de «la vie avant tout» ou du réchauffement climatique…, qu’il faut à nos bourreaux développer des cabrioles comico-rhétoriques jamais vues auparavant (épisode des masques, qu’une certaine porte-parole ne savait soi-disant pas mettre, décision inique de classer comme «substance vénéneuse » un médicament autorisé sur le marché et qui soigne depuis 1949, ils feront feu de tout bois et corrompront le sens
de tout…) pour nous faire accepter leurs décisions infantilisantes, liberticides, prises à l’unilatérale.

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En revanche lorsqu’il s’agit de nos paroles, plus personne à l’écoute !
Certaines personnes ont des avis qui divergent ?
Silence on a dit !
Des collectifs de médecins ont des alternatives qu’ils souhaitent proposer, simplement ouvrir le débat créatif et bienveillant… Hors de question !!

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On tente de soulever quelque dysfonctionnement (la liste est trop longue, mais vous en avez assurément au moins un en tête) sur la gestion de crise ou de simples interrogations, sur la vie future subordonnée à une piqure, ou ne serait-ce que l’innocuité de cette piqure ? Complotiste !!!

De même que les plus jeunes avaient fort bien su témoigner de leurs facultés de résilience par le langage avec le fameux : « Ok, boomer… », autrement dit « cause toujours babyboomer…» (afin de dénoncer le mépris des plus âgés envers leurs frustrations et leurs angoisses concernant un avenir plus que douteux et incertain, regroupées sous le terme éco-anxiété, ou solastalgie), on trouve de plus en plus de citoyens qui renvoient à cette condamnation ad hominem une réponse des plus simples, claires et moralement éclairées : « Si être complotiste c’est rechercher la vérité factuelle, l’enchainement véridique des événements en étant pleinement conscient de tous les enjeux, rapports de forces, liens d’intérêt entre les parties ; et sans juger (pour l’instant) s’évertuer à obtenir des résultats de recherches qui soient reproductibles et donc vérifiables, en gros : préférer une amère vérité à un sirupeux mensonge… Et bien oui, appelez-moi complotiste ! Si ça facilite votre entendement… »

Et l’auteur de ce papier, idem. Et des millions de français et d’autres Terriens aussi, qui ont la chance d’avoir une once d’esprit critique et l’ont cultivée à grand coups de curiosité, d’ouverture d’esprit, de respect et d’amour, avec la morale comme gouvernail.

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De cette atomisation du tissu social créée par un monde où plus rien ne veut dire grand chose, et sa bascule en nouveaux points de clivages, surgissent dès lors deux phénomènes.

Le premier, logique, est un emballement de la machine coercitive qui écrase tout sur son passage, libertés fondamentales y compris.
Le second, plus subtil, est un rapprochement de personnes, d’entités qui jamais en dehors de cette accélération systémique de l’asservissement et de l’appauvrissement de l’humain, ne se seraient rencontrées.
Et on se sent bien lorsque l’on est entouré(e) de gens pour qui la vérité, factuelle, a un sens et une certaine beauté, au delà de tout artifice, tout onguent mielleux.

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L’intuition et la morale guident sans souci vers une réalité sans fard. Quoi qu’il en coûte…
L’unité est de mise pour ceux que ne consentent pas à la dictature techno-médicale, et l’on écoutera bien à deux fois (minimum) toute injonction à caractère politique et surtout sanitaire pour y déceler tromperie, artifice manifeste, malice…, avant d’y entendre quelconque vérité.

Et aussi destructeurs que se veulent nos opposants, la force créatrice et bienveillante de l’amour que l’on peut déployer tous les jours, dans ce à quoi nous rêvons, ce que nous entreprenons, et surtout dans le langage qui articule nos pensées, borde nos actions, nos communications et nos échanges, est bien supérieure à quelconque tentative de désunion artificielle.


Nous sommes nés pour nous aimer, pas nous détester. L’amour se transmet par des gestes, et des paroles.
Un sourire ?

Mo

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